Le Témoignage de Katrine : partir vivre en Tanzanie avec un diabète de type 1
“Je m’appelle Katrine Mariell Karlsen, j’ai 22 ans et en ce moment, je suis étudiante en master d’entrepreneuriat et d’innovation à l’Université Norvégienne des sciences de la vie. Je vis avec le diabète de type 1 depuis le 2 décembre 2004, donc ça fera bientôt 15 ans !
De septembre 2015 à février 2016, je me suis rendu à Moshi en Tanzanie pour un échange culturel à travers le Corps Norvégien de la paix, où j’ai séjourné dans une famille locale et travaillé dans un foyer pour enfants. C’était la première fois que je partais aussi longtemps, loin de ma famille, avec qui par ailleurs je ne savais pas si j’allais pouvoir rester en contact, ni comment.
J’ai rencontré plusieurs difficultés dans le cadre de la préparation de mon séjour à cause de ma maladie. La première était de calculer et prédire la quantité d’insuline et d’équipement pour le diabète dont j’aurais besoin au cours des cinq prochains mois de voyage. Avant de partir, je ne savais pas non plus comment obtenir de l’aide médicale sur place en cas de problème lié au diabète. J’en ai parlé à l’organisation qui m’a aidée à me renseigner sur l’assurance et à trouver de l’aide. Pour le reste, j’ai essayé de chercher sur Google, mais je n’ai pas vraiment trouvé de réponses à mes questions. J’étais également préoccupée par la façon dont je pourrais conserver mon insuline à cause de la chaleur (ndlr: l’insuline est un médicament qui se conserve entre 2 et 8° lorsqu’elle est neuve, et à température ambiante (<25°) lorsqu’elle est ouverte). Finalement, j’ai apporté deux fois plus d’insuline et d’équipement pour le diabète que ce dont j’aurais besoin pour mon séjour, et j’ai veillé à répartir une partie du matériel médical dans les valises de certains avec qui je voyageais, afin de ne pas tout perdre si mes bagages disparaissaient.
Pendant mon séjour, j’ai été diagnostiquée avec le paludisme et des parasites, ce qui a eu un impact énorme sur mon diabète. J’ai dû prendre des antibiotiques, ce qui m’a fait vomir une semaine de suite, et les antibiotiques ont aussi rendu ma glycémie complètement folle. Mais à la fin de la semaine, la malaria et les parasites ayant disparu, mon corps a recommencé à fonctionner à peu près normalement.
Au cours des mois passés en Tanzanie, nous avons également connu beaucoup de problèmes d’électricité. Comme je devais garder mon insuline dans le réfrigérateur, ça pouvait devenir véritablement problématique pour moi car nous n’avions de l’électricité que 2 ou 3 heures par jour. Un jour, trois mois après mon arrivée, un des membres de la famille qui m’accueillait s’est souvenu que mon insuline devait rester au froid. Nous n’avions pas eu d’électricité depuis presque deux jours, et il a voulu m’aider en mettant mon insuline dans le congélateur pour qu’elle soit protégée, car le réfrigérateur commençait à se réchauffer. Le problème dans l’histoire c’est qu’il a oublié l’insuline dans le congélateur, donc quand le courant est revenu, toute mon insuline a gelé. Donc le lendemain, quand j’ai découvert qu’elle avait congelée, j’ai complètement paniqué. J’ai appelé mes parents en Norvège en panique. Heureusement, la responsable de mon organisation tanzanienne était en Norvège à ce moment-là, et elle a pu me rapporter de l’insuline. Je n’ai pas vraiment pensé à ce qui se serait passé si elle n’avait pas été là, mais je suppose que j’aurais dû rentrer chez moi en Norvège et mettre fin à mon séjour.
En définitive, cette expérience m’a permis d’apprendre beaucoup de choses sur moi-même et sur ma vie avec le diabète ! Par-dessus tout, je pense avoir appris que ma vie n’a pas de limites, même si je vis avec le diabète. J’ai aussi appris que même si l’on tombe malade ou l’on rencontre des difficultés à l’étranger, on ne doit jamais abandonner. Tout arrive pour une raison, et la plupart du temps, tout peut être résolu.
Si j’avais un conseil à partager avec d’autres personnes vivant avec cette maladie, c’est de faire ce que vous avez envie de faire dans tous les cas ! Ne laissez jamais votre maladie chronique vous empêcher de faire ce dont vous avez toujours rêvé. Demandez de l’aide aux autres si besoin, et surtout, informez-les de votre condition, afin de vous sentir en sécurité et soutenue.”